Cours Enjeux et Finalités Géographie 25 janvier

Publié le par mefhistoiregeoaix.over-blog.com

Voici le cours de Géographie du 25 janvier 2011, lu, relu et corrigé en espérant que vous arriverez à comprendre l'ensemble du cours.

 

A mardi

 

Vanessa

 

 

De la Géographie des Allemands du XIXème siècle à la Géographie en France

 

 

I)                   Les géographes allemands du XIXème siècle

 

Alexander Von Humboldt (1769 – 1859) : Père de la Géographie moderne (il a donné son nom au courant froid qui longe les côtes du Chili et du Pérou), il a voyagé et exploré le monde surtout en Amérique du Sud, en écrivant ce qu’il a vu et pensé. Ingénieur de formation, il explore le bassin de l’Amazone et parcourt les Andes, ainsi que la côte Pacifique. Il met en place l’existence des courants sur le globe terrestre. Il s’installe à Paris en créant en 1821, la Société de géographie. Son ouvrage principal "Cosmos : Essai d’une description physique du monde" (1847 – 1859) traite des mécanismes généraux qui gouvernent les fonctionnements de la planète. L’essentiel de sa réflexion résulte de l’influence de la nature sur les sociétés humaines.

 

Karl Ritter (1779 – 1859) : "La Géographie dans ses rapports avec la nature et l’histoire de l’humanité". Sur la question du déterminisme, pour lui le devenir des peuples est déterminé par les conditions et les contraintes du milieu dans lequel ils vivent. La nature est puissante et l’élément est déterminant.

 

Friedrich Ratzel (1884 – 1904) : Naturaliste de formation, professeur de biologie à l’Université d’Iéna. Darwiniste (en référence à Charles Darwin sur sa théorie de l’évolutionnisme), il écrit entre  1882 et 1891 "Anthropogéographie" opposant les peuples de la nature (Naturvölker) et les peuples de la culture (Kulturvölker). Les peuples primitifs qui sont liés à la nature sont placés en Afrique, en Océanie et en Amérique. Les autres sont les peuples évolués habitant l’Eurasie et le Nouveau Monde. Il permet la naissance de la géopolitique qui sera reprise par les Nazis.

 

Ces géographes s’intéressent au rapport à sens unique de la nature à l’homme, mais pas l’inverse. Pour Karl Ritter, l’objet de la géographie est d’étudier l’influence néfaste de la nature.

 

 

II)                Le tournant des géographies universelles

 

Trois géographies universelles vont se succéder au cours du XIXème siècle :

_ Conrad Malte-Brun (1775 – 1826) édite une géographie universelle en 20 volumes entre 1810 et 1826. Très prolixe et polyglotte, il s’installe à Paris en traduisant les récits de Humboldt. Co-fondateur de la Société de géographie à Paris en 1821, il rassemble la géographie ancienne et moderne, en faisant un état du monde. Pour lui, la Géographie n’a pas sa place dans les sciences. Dans l’enseignement, la Géographie est une nomenclature à connaître. Il essaie de donner un sens en empruntant à l’Ecole de géographie allemande.

_ Elisée Reclus (1830 – 1905) il rédige la géographie universelle en 19 volumes, entre 1875 et 1894. Fils de pasteur du Sud-Ouest de la France, il est formé à l’université en Allemagne et communard. De tendance anarchique, il fonde la Science des Lieux en expliquant les formes pour souligner le déterminisme allemand. Il essaie de comprendre l’organisation et l’harmonie du monde.

_ Paul Vidal de la Blache (1845 – 1918). Formé à l’université et à l’Ecole Française d’Athènes, ses travaux portaient sur la géographie historique. Sa réflexion sur les rapports entre l’homme et la nature s’inspire des travaux de Ritter et Humboldt, mais il prend ses distances avec le déterminisme. Il est aussi à l’origine du possibilisme, où l’homme garde sa liberté et sa capacité d’adaptation. La notion centrale est celle du milieu, un ensemble complexe dans lequel interviennent la végétation, le climat, le relief et le sol. Le milieu suggère des possibilités et c’est l’homme qui les utilise ou pas. En 1922, son œuvre "Principe de géographie humaine" est éditée par son gendre Emmanuel de Martonne. Protagoniste de l’introduction de la Géographie dans l’enseignement à l’université, il publie en 1903 un "Tableau de la géographie de la France". Avec Lucien Gallois, il fonde la revue des Annales de géographie en 1891. Dans la même librairie, on y trouve aussi un Atlas général de Géographie (1894), des cartes murales et des manuels scolaires faits par Vidal de la Blache. Il fonde également l’Ecole française de géographie, qui se base sur une géographie régionale où l’on prend en compte les éléments physiques pour la répartition des hommes et on détaille les organisations sociales (habitats groupés ou dispersés). Une conception du genre de vie en décrivant comment les gens vivent dans telle région. Le concept de genre de vie est adapté pour une idéologie environnementale et possibiliste.

 

Elèves :

o    Emmanuel de Martonne.

o    Maximilien Sorre.

o    Henri Baulig.

o    Albert Demangeon.

o    André Cholley.

o    Jean Brunhes. Son travail portait sur l’utilisation de la photographie en Géographie.

 

 

III)             Les précurseurs de la Nouvelle Géographie

 

L’innovation en Géographie est venue d’Allemagne et des Etats-Unis. La France des années 1930 est en difficultés et en crise, du fait qu’elle est moins industrialisée et moins urbanisée qu’en Allemagne ou aux Etats-Unis. Une énorme poussée urbaine aux Etats-Unis et au cœur des villes s’accroît très vite, avec la création de l’Ecole de géographie à Chicago. Cette ville s’accroît le plus vite, parce qu’il y a un grand nombre d’immigrants. En Allemagne, beaucoup de villes se sont développées et elles ont accompagné la puissance allemande en 1914 – 1818, suivie de celle des Nazis. Il existe une façon différente d’aborder la Géographie. L’espace économique et géographique n’est pas anarchique. Les chercheurs essaient de trouver et mettre en évidence des lois qui règlent les destinées spatiales des sociétés et les formes spatiales élémentaires qui sont attachées. Ces modèles spatiaux sont mis en place et vérifiés ensuite.

 

Ecole de Chicago : Elle se compose de sociologues et d’urbanistes qui sont aussi géographes. Le fondateur Ezra Park publie "The city" en 1925 et entraîne la réflexion sur la ville et les lois qui président à la formation de cette ville. Durant cette période de la prohibition, le thème principal est le fonctionnement et l’organisation du milieu urbain. C’est alors que se met en place une sorte de darwinisme social (Struggle for life), où des rapports très violents entraînent des compétitions pour le travail et le logement pour une meilleure qualité de vie.

 

Premier modèle d’Ernest Burgess : Chaque individu va compter sur la solidarité de son groupe. Un fonctionnement en communautarisme. La ville devient une mosaïque des communautés. Un plan en damiers dans toutes les villes des Etats-Unis (organisation physique des villes). La compétition entraîne la ségrégation sociale et raciale et l’école va mettre au point des modèles d’analyses de la ville. A partir de ces modèles, on regarde si les villes sont organisées en cercles concentriques et voir s’il y a une organisation par communauté et économique.

 

Deuxième modèle de Homer Hoyt : Une accessibilité par les transports. La valeur foncière est plus importante et donc on a une importance des activités et si on est dans le cas contraire, on retrouve des milieux de classes défavorisées.

 

Troisième modèle de Harris et Ullman : La notion de classes est basée sur le niveau des revenus et sur l’activité que sur la notion de communauté.

 

Si ces modèles mis en place et vérifiés sur Chicago ont été applicables dans d’autres pays, on aurait plus affaire à une Géographie physique ou rurale qu’à une Géographie urbaine. Les modèles de l’Ecole de Chicago s’appliquaient à toutes les villes américaines, mais plus difficilement dans les villes européennes et cela pour plusieurs raisons :

* La mobilité des citadins n’est pas aléatoire.

* Les relations humaines sont déterminantes.

* Le regroupement en communautés est dicté par des pulsions d’appartenance et basé sur des fonctionnements d’entraide.

* L’espace n’est qu’un élément dans l’organisation de la ville.

 

En Allemagne, les modèles économiques appliqués à l’espace sont ceux d’August Lösch et Walter Christaller.

 

Modèle de Johann Von Thünen : Un apport entre la ville et l’espace agricole environnant. L’hypothèse abstraite est qu’une ville coupée du monde extérieur soit en autosubsistance avec les campagnes qui l’entourent. Une campagne plate et homogène. Le coût des transports est proportionnel à la distance de la ville. Un ajustement des productions parallèle à la distance urbaine. La valeur des terrains est plus forte près du centre qu’en périphérie. Ce système sera découvert un siècle après par Walter Christaller (1893 – 1969). En 1933, il met au jour la théorie sur les places centrales en Allemagne du Sud. Les réseaux urbains se hiérarchisent en fonction des services et des commerces. La loi du marché est le facteur premier des organisations des places centrales. La distance commande la fréquentation d’un commerce ou d’un service. La hiérarchie des commerces et des services engendre la hiérarchie des places centrales. Si la région est homogène, l’espace sera couvert de cercles de mêmes dimensions avec un pavage régulier et hexagonal. La loi de localisation ou distribution des places centrales. L’Histoire peut modifier le schéma en donnant un point plus important à une ville et modifier son organisation. Christaller a utilisé comme moyen de mesure d’influence les flux téléphoniques.

 

Modèle d’August Lösch : Une démarche qui laisse plus de place aux anomalies et aux cas particuliers. Il construit une rosace de 12 secteurs avec une place centrale.

 

Toutefois, des chercheurs américains vont faire progresser la discipline géographique avec la loi de Reilly et la courbe de Zipf. William Reilly explicite en 1929 une loi sur la gravité du commerce de détail. Elle explique la construction de l’espace géographique sous une forme mathématique : Les flux entre deux villes sont proportionnels au volume de leurs populations et inversement proportionnel au carrée de leur distance. Plus une ville est grande et plus les flux avec les autres villes sont grands. Plus les villes sont éloignées, plus les flux sont faibles. En 1949, George Zipf écrit le comportement humain et le principe du moindre effort. Il s’agit d’une relation mathématique entre la taille de la ville et son rang dans la hiérarchie urbaine d’un pays. Une irruption des mathématiques dans la recherche en sociologie, économie et géographie.

 

Dans les années 1950 – 1960, les fondateurs de la nouvelle géographie sont William Bunge, Brian Berry et Edward Ullmann. Le premier écrit en 1962 "Géographie théorique", le deuxième créé le nouvelle Ecole de Chicago en 1960 et le troisième utilise la géographie quantitative. On doit pouvoir découvrir les lois mathématiques de l’organisation de l’espace à partir d’une démarche hypothético-déductive, où l’on émet des hypothèses puis on met en place des modèles théoriques en les confrontant à la réalité. Cela est très différent du géographe français, qui reste basé sur une démarche inductive. Ici on recherche, on étudie et on propose des explications avec des modèles.

 

 

IV)             Situation de la Géographie en France

 

Dans les années 1960 – 1970, la Géographie française est incapable d’affronter le terrain de la généralisation. Le sociologue Pierre Bourdieu place la Géographie au dernier rang des sciences sociales et reproche aux géographes de se contenter de la langue du quotidien et d’en rester à l’empirisme. Pour Roger Brunet, les géographes sont enfermés dans un provincialisme d’idées et de langues. Leurs bagages en philosophie et en épistémologie sont rudimentaires. Deux changements vont s’annoncer dans les années 1960 :

Ø   Analyse des sociétés humaines par l’approche marxiste ou structuralo-marxiste (Claude Lévi-Strauss) avec Pierre George et Jean Dresch.

Ø   La diffusion des modèles anglo-saxons à partir des années 1960, puis un développement de la géographie quantitative à la fin des années 1970 en France.

 

L’affirmation de la géographie urbaine. Un grand nombre de thèses sur les espaces régionaux seront vus côté ville :

ü   Michel Rochefort : L’organisation urbaine de l’Alsace (1960).

ü   Raymond Dugrand : Villes et campagnes en Bas-Languedoc (1963).

ü   Yves Babonaux : Villes et régions de la Loire moyenne (1966).

ü   Bernard Barbier : Villes et centres dans les Alpes du Sud (1967).

 

La France s’urbanisme et s’aménage (DATAR : Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale en 1963). Une utilisation des compétences des géographes et des travaux faits sur la géographie urbaine. Les travaux de Hautreux et Rochefort constituent une réflexion sur l’armature urbaine en France et la création des métropoles régionales. Utiliser la géographie pour rééquilibrer le poids de Paris avec la mise en place des métropoles d’équilibre, mais pas en périphérique du territoire. Les études se multiplient et reprennent les méthodes de Chicago, notamment sur les études des activités spécifiques et banales. On étudie les zones d’influence des villes sur une carte, ce qui contredit la géographie vidalienne, où la région est considérée comme une aire naturelle. Dans les années 1960, la région est l’aire de rayonnement d’une ville. En 1958, Maximilien Sorre dit que la région c’est l’extension d’un paysage. En 1959, Pierre George définit la région comme l’aire de rayonnement et de structuration d’une ville. On continue à faire des enquêtes sur le terrain et les aires de chalandise, avec l’application de la loi de Reilly. Dans les années 1960, la géographie française digère les rapports de la géographie anglo-saxonne. Elle répond aux exigences de la mutation industrielle et urbaine de la France. Elle s’ouvre sur la géographie urbaine et joue un rôle sur l’aménagement du territoire.

 

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