Cours enjeux et finalités Histoire 1er Février

Publié le par mefhistoiregeoaix.over-blog.com

Voici maintenant le cours sur les enjeux et les finalités en Histoire du 1er Février. Par contre rassurez-vous, il n'y a pas eu de cours en géographie l'après-midi.

 

Bonne soirée à toutes et à tous

 

Vanessa

 

 

L’Enseignement de l’Histoire sous la IIIème République

 

 

Le bilan de la défaite de la France face à l’Allemagne en 1871 fait de l’enseignement de l’Histoire, une des causes de cette défaite. La faiblesse de la défense patriotique est que les Français connaissent mal la France et donc, les professeurs d’Histoire ont failli à leurs missions. La IIIème République construit son système scolaire, où l’Histoire peut être spéciale et devenir une clé pour la compréhension du monde contemporain.

 

Nouveau cadre législatif avec trois lois de Jules Ferry :

_ 1881 : Instauration de la gratuité de l’enseignement primaire public. Une tentative a déjà été  instaurée sous le second Empire.

_ 1882 : Obligation pour les garçons comme pour les filles d’aller à l’école jusqu’à 13 ans. Laïcisation des écoles, mais aussi des manuels et des programmes.

_ 1886 : Laïcisation du personnel de l’école publique, instituteurs et professeurs formés par l’Ecole Normale Supérieure.

 

On peut également ajouter la loi de 1930 instaurant la gratuité de l’enseignement secondaire.

 

L’Histoire tient une place particulière dans ce nouveau cadre avec Ernest Lavisse. Il va formater l’enseignement de cette discipline qui perdure jusqu’aux années 1970. C’est la naissance du courant positiviste ou l’Histoire méthodique. Les fondements de cette Histoire positiviste sont :

ü   Un courant qui a renouvelé les méthodes.

ü   Une méthodologie mise en place sur la critique du document constituant une  démarche intéressante.

ü   Des Finalités : La discipline se perçoit comme capable de dégager des lois, de même que la physique dégage des lois sur la matière. L’Histoire est une science. Le rôle social de l’historien se trouve dans sa discipline. En apaisant les querelles nationales, on a un régime nouveau et donc, il faut atténuer toutes ces tensions politiques. Contribuer à l’enracinement des valeurs de la République (suffrage universel, séparation des pouvoirs, droits et devoirs des citoyens). Une sorte de croyance dans le progrès du genre humain. Une vision de l’Histoire linéaire où la France est à la pointe de cette mission civilisatrice et de progrès que l’on croit à cette époque.

 

Enseignement Primaire :

* L’Histoire est enseignée à tous les niveaux de façon obligatoire. Chaque français a sa dose d’Histoire jusqu’à la fin du primaire.

* La création d’une nouvelle matière à côté de l’Histoire et de la Géographie : L’Instruction morale et civique (apprentissage du droit et des devoirs du citoyen sur les valeurs de la République). Une œuvre de l’enseignement patriotique et de propagande pour raffermir l’adhésion nationale et préparer la revanche. Le texte de Lavisse conçoit le roman national. La notion d’une œuvre française produite par nos ancêtres doit être prospérée pour la transmettre à nos descendants.

 

 

Texte de Suzanne Citron : Article de presse publié dans le Monde en novembre 2003 pour comprendre les éléments de ce trouble national. Dans un contexte de troubles avec des revendications mémorielles et une traduction politique de ces troubles. Ciblé sur un public particulier et averti. Comprendre et expliquer les troubles d’aujourd’hui par rapport à l’enseignement en Histoire.

 

Dans quelles mesures le récit traditionnel d’enseigner l’Histoire de France peut être à l’origine de ces troubles d’aujourd’hui ?

 

Propos : S’interroger sur un lien entre les troubles sociétaux et l’enseignement de l’Histoire :

v   Le mythe sur la France-Gaule est originel. L’Histoire de la Gaule est comme préexistante avec des personnages clefs pour aboutir à une France républicaine. Remise en cause de ce modèle aujourd’hui.

v   C’est un modèle uniformisateur. Ce modèle défini sur une mythologie particulière a été imposé par les enfants des paysans sous la IIIème République avec l’usage du français, mais aussi aux vagues migratoires.

v   Remettre en cause le rôle social de l’historien. On produit une histoire monolithique où personne ne se reconnait. Un phénomène de déconstruction-reconstruction. Un renouveau de l’Histoire de France et que les historiens jouent pleinement leur rôle. Ce sont les producteurs d’une mémoire nationale où tous ceux de la nation puissent se reconnaître.

 

Il s’agit de revoir la façon d’aborder l’Histoire.

 

Pierre Laborie, "Le chagrin et le venin : La France sous l’Occupation, mémoire et idées reçues", éditions Bayard.

 

L’Histoire-Géographie au primaire va être enseignée cinq heures par semaine, comme les Sciences et le Français (matière fondamentale). Dans le secondaire jusqu’en 1930, l’école est payante et réservée à une élite. En 1880, la loi de Camille Sée ouvre les collèges aux jeunes filles avec la possibilité de passer le baccalauréat et si elles le font, elles doivent le faire avec une formation particulière. Dans le supérieur, on forme ceux qui auront des postes importants dans la nation, comme les professeurs d’Histoire. On demande la licence aux futurs professeurs, mais à partir de 1894, on créait le DES (diplôme d’études supérieures), mais la philosophie reste la même, avec une problématique liée à la rédaction d’un mémoire de recherche.

 

Texte d’Ernest Lavisse : Contextualisation de l’enseignement. On est dans un système de questions-réponses, qui implique l’élève concerné. L’enseignant est un acteur qui joue son rôle. On joue sur l’émotion (pathos) pour captiver l’élève avec une adhésion qui implique un grand nombre de connaissances. La question d’accessibilité à travers le vocabulaire ne permet pas de s’encombrer dans les détails. Une finalité morale de l’enseignement.

 

Les enseignants reçoivent des moyens pédagogiques : Des cartes murales, des tableaux muraux sur les hauts faits de l’Histoire de France, des globes terrestres, une multiplication des manuels scolaires qui varient leur présentation avec quelques illustrations et une littérature parascolaire vendue aux parents dont le plus célèbre est le « Tour de France par deux enfants » (1877). Huit millions d’exemplaires vendus avant la première guerre mondiale. Le récit raconte que deux orphelins lorrains quittent leur région occupée par les Allemands et s’engagent dans un voyage autour de la France qui leur fait visiter toutes les régions. Les finalités sur la préface sont exprimées.

 

Préface : Faire aimer la France pour mieux la servir. Un ouvrage parascolaire destiné à la lecture. La préface de 1922 montre que les objectifs restent les mêmes. C’est la France positive montrant ce qui marche et une France unie. Quant on est très jeune, il faut poursuivre sa mission jusqu’au bout malgré les difficultés et les embûches.

 

Dans la pédagogie, il y a un grand débat sur la place du document dans un cours et comment l’utiliser. Charles Seignobos propose la méthode inductive, où l’on débute le cours en mettant aux yeux d’un élève un document suffisamment riche afin qu’il puisse en retirer toutes les connaissances nécessaires sans l’intervention de l’enseignant. Le cours magistral n’existe pas et l’enseignant a un rôle d’accompagnement. Cette méthode a été très critiquée parce que les professeurs n’auraient plus de pouvoir face aux élèves. L’élève à lui seul ne peut pas percevoir les richesses d’un document par perte du temps. Cela perdure jusqu’à Vichy sans grande modification mais avec un débat sur la dimension patriotique de l’enseignement. Dès 1898, Charles Seignobos critique la finalité patriotique de l’Histoire de France, comme des écrivains tels qu’Emile Zola ou Charles Péguy qui accuse les professeurs de la Sorbonne de tyrannie mentale, intellectuelle et civique. Gustave Hervé lance un appel aux soldats de sa ville pour qu’ils déversent du fumier et plantent le drapeau français. En 1904, il publie un manuel pacifiste qui critique la colonisation et prend le contrepoint de tout ce qui concerne la politique du moment.

 

Dans les manuels scolaires, on reste dans une posture nationaliste et patriotique. Dans le traitement des Poilus, on a une volonté d’en faire des héros dans les manuels scolaires de l’entre deux-guerres. A l’inverse, on a un silence ou un discrédit total envers les mutinés de 1917. Sur les monuments aux morts, on effaçait les noms des soldats mutinés jusqu’à leur réhabilitation par Lionel Jospin. Aujourd’hui, les descendants de ces mutinés ont entamé des démarches administratives pour faire marquer les noms de leurs ancêtres sur les monuments aux morts. 

 

Les responsabilités de la première guerre mondiale font un portrait à charge de l’Allemagne. Aujourd’hui, ce sont la France et la Grande-Bretagne qui en sont responsables de même que l’Allemagne. Le traité de Versailles a été un châtiment juste et mérité à l’égard de l’Allemagne. Une prédominance de l’Histoire politique dans les manuels jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Le courant des Annales revendiquent un recul évènementiel de l’Histoire politique et une promotion de l’histoire économique et cyclique. En analysant les structures, les Annales apportent du nouveau sur la pédagogie avec un travail sur la longue durée. Mais au niveau de la méthode, quant on a un objet d’étude, il faut s’interroger sur les représentations qui ont été construites. Cela permet d’avoir une approche plus scientifique sur ce fait. En 1929, la création des Annales de l’histoire économique et sociale va prendre du pouvoir dans les années 1950 et 1960, pour produire un modèle historique jusqu’aux années 1980. Dans l’entre deux-guerres, on reste sous le vice de Lavisse.

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